01/07/2025
Formation d'un groupe de personne au massage cardiaque

RCP et secourisme : une course contre la montre

Dans une PME industrielle, un salarié s’effondre en pleine pause. Il ne respire plus, il est inconscient. Une collègue présente est titulaire du SST (Sauveteur Secouriste du Travail), formée depuis moins d’un an. Pourtant, face à la scène, elle reste figée. Elle décrit ensuite « avoir eu un trou noir », ne plus se souvenir de l’enchaînement des gestes, et avoir eu peur de faire quelque chose de mal.

Un autre collègue a finalement pris l’initiative d’appeler les secours. La victime a été prise en charge par les pompiers 10 minutes plus tard, mais sans intervention immédiate des collègues, le pronostic vital aurait été engagé.

Nous redoutons tous d’un jour se retrouver comme cette salariée, tétanisée face à une situation d’accident. L’objectif est de vous donner des bonnes pratiques et astuces afin d’intervenir le jour J.

Pourquoi la première étape de la RCP en secourisme est l'appel ?

Lorsqu’une personne est en arrêt cardiaque, il y a plusieurs étapes à suivre, la première est de ne pas retarder l’appel des secours. Si vous ne vous sentez pas de réaliser la Réanimation Cardio Pulmonaire (RCP), rien que d’appeler peut faire la différence.

L’étape préalable est d’analyser la situation, sans vous mettre en danger et en protégeant les autres. Demandez-vous ce qui a créé l’accident. Cela peut-être :

  • Une cause mécanique (électricité par exemple)
  • Une cause de santé
  • Un événement impactant

Si cela est une cause mécanique, il est important de mettre hors de nuire l’origine. Débrancher, couper, isoler, ou si besoin, réaliser un dégagement d’urgence. Ensuite, il est primordial que vous ou une autre personne réalisiez un examen. Cela permettra de donner les informations utiles au secours (source : livret ED4085 SST INRS). Pour cela :

1. Assurez-vous qu’il n’y ait pas de saignement abondant. Si c’est le cas, ceci est une priorité, réaliser les gestes correspondants. Sinon passer à l’étape suivante.

2. Vérifier la conscience de la personne en lui donnant des ordres simples :

  • « Si tu m’entends serre-moi une de mes mains » en lui tenant les deux mains
  • « Clignes des yeux si tu m’entends »

Si vous n’avez pas de réponse, passez à l’étape suivante.

3. Vérifier la respiration de la victime, pour cela :

  • Mettez deux doigts sous son menton et une main sur son front
  • Basculer la tête
  • Pencher votre tête au-dessus de la sienne à quelques centimètres, en regardant vers son torse
  • Regarder si son torse se soulève, si vous entendez une respiration ou si vous sentez son souffle. Si au bout de 10 secondes vous ne percevez aucun de ces signes, passer à l’appel, la victime est un « ne répond pas et ne respire pas ».

Cela signifie que la victime est soit en arrêt cardiaque, soit en arrêt respiratoire.

Une fois cette étape préalable réalisée, vous pouvez passer à l’appel. Dans ce cas-là, le numéro à contacter est le 15 car vous êtes sur une urgence vitale. Voici les éléments à transmettre lors de l’échange :

  • Numéro de téléphone sur lequel ils peuvent rappeler
  • Votre Nom et Prénom
  • Les informations sur la victime
  • L’adresse où vous vous situez avec le plus de détail possible (quelle porte, étage, des particularités, etc…)
  • Le nombre de victime
  • Ce qu’elle a et la cause supposée : préciser qu’elle ne répond pas et ne respire pas
  • Si vous êtes secouriste du travail, si vous avez votre PSC par exemple
  • Surtout ne pas raccrocher sans un accord

Si vous êtes en capacité de faire une Réanimation Cardio Pulmonaire (RCP), ne retardez pas l’action. Les secours pourront vous aiguiller, sinon, faites appel à une autre personne qui pourra le faire.

Il faut savoir que la moyenne française d’intervention des secours en France est de 13 min (source : banque des territoires), et que chaque minute compte dans cette situation. Donc, oui secourir c’est déjà appeler les secours.

Les étapes du massage cardiaque et du bouche à bouche

Le secouriste est le premier maillon de la chaîne des secours, au-delà d’être une belle phrase, c’est une réalité sur les urgences vitales. Le secouriste peut faire toute la différence sur les éventuelles conséquences d’un arrêt cardiaque.

Chaque minute gagnée, c’est 10 % de survie en plus (Source), donc chaque minute compte.

Si vous attendez l’arrivée des secours, la probabilité de survie est seulement de 2% (Source). Nous allons donc voire ensemble les différentes étapes pour réaliser une RCP.

Première chose à connaître est l’objectif à atteindre, vous souhaitez simuler une défibrillation, c’est pour cela que vous allez faire des compressions thoraciques. De manière simplifiée, vous souhaitez montrer au cœur comment battre, pour que par la suite, il puisse recommencer seul (toutes les consignes de cet article proviennent du Guide des données techniques SST de 2024 de l’INRS).

Assurez-vous que la personne est bien sur le dos, normalement elle s’y trouve car vous avez fait l’examen. Enlever tout ce qui pourrait vous gêner comme montre, bague, mais aussi la veste de la victime par exemple. Si un défibrillateur se trouve à moins de 10 secondes de vous, allez le chercher, sinon envoyer si possible quelqu’un le prendre

Les étapes de la réanimation cardio pulmonaire :

1. Placez-vous sur les genoux, proche de la victime

Effectuer d’abord 30 compressions thoraciques :

2. Placer le talon de la main juste au centre de la poitrine, sur la moitié inférieure du sternum. L’appui doit se faire strictement sur la ligne centrale, jamais sur les côtes

3. Placer l’autre main au-dessus de la première en entrecroisant les doigts des deux mains

4. Effectuer une poussée verticale de 5 cm environ, bras tendus, coudes verrouillés, puis relâcher la pression (vous pouvez utiliser un cardio aide/assistant au massage cardiaque si besoin)

5. Le talon de la main reste en contact avec le thorax sans exercer le moindre appui.

Entre chaque compression, laisser le thorax reprendre sa forme initiale, sans décoller les mains.

Le rythme de ces 30 compressions thoraciques doit être entre 100 et 120 compressions par minute.

Puis, effectuez 2 insufflations, pour cela :

1. Maintenir la tête de la victime basculée en arrière et son menton élevé

2. Boucher le nez en pinçant les narines avec deux doigts, la paume de la main restant sur le front

3. Avec la main placée sous le menton de la victime, lui ouvrir légèrement la bouche

4. Après avoir inspiré sans excès, appliquer sa bouche largement ouverte autour de celle de la victime, en appuyant fermement

5. Souffler progressivement et jusqu’à ce que la poitrine de la victime commence à se soulever (environ 1 seconde)

6. Se redresser légèrement. Reprendre son souffle tout en regardant la poitrine s’affaisser (environ 1 seconde)

7. Insuffler une seconde fois dans les mêmes conditions

Recommencer les compressions thoraciques alternées des insufflations jusqu’à la prise de relais des secours ou que la personne change d’état.

Passez de la théorie à la pratique ...

La formation Sauveteur Secouriste du Travail (SST) vous permet d’acquérir les bons réflexes pour intervenir rapidement et en toute sécurité face aux situations d’urgence au travail. Grâce à une approche concrète et des mises en situation pratiques, vous saurez protéger, alerter et secourir vos collègues, tout en contribuant à la prévention des risques dans votre entreprise.

Formation SST (Sauveteur Secouriste du Travail)

La RCP pour les enfants, les bébés et l'utilisation d'un défibrillateur

A. RCP chez les enfants et les nourrissons

La réanimation cardio pulmonaire est légèrement différente pour les enfants et les nourrissons. Tout d’abord, la cause d’un arrêt cardiaque pour un adulte est souvent due à une anomalie cardiaque. À l’inverse chez les enfants et les bébés, cela est souvent dû à un arrêt respiratoire. Les gestes de secours sont donc adaptés à l’origine du problème. Il est tout aussi important d’intervenir vite pour ces jeunes victimes.

Voici les différences :

  • Commencer par 5 insufflations puis réaliser 15 compressions thoraciques, puis partir sur un rythme de 2 insufflations et 15 compressions
  • Pour un enfant, n’est positionnée qu’une seule main pour réaliser la compression thoracique
  • Pour un nourrisson, la compression se fait en plaçant la pulpe de deux doigts d’une main dans l’axe du sternum une largeur de doigt au-dessus du repère constitué par le bas du sternum à la jonction des dernières côtes
  • Enfin, les insufflations d’un nourrisson, la bouche du secouriste doit englober le nez et la tête du nourrisson. La tête doit être mise en position neutre (pas basculer comme l’adulte et l’enfant)

Le rythme des insufflations et des compressions thoraciques est identique à celui de l’adulte.

B. L’utilisation d’un défibrillateur

L’utilisation d’un défibrillateur permet d’augmenter les chances de XXX. Mais cela n’est pas indispensable, la priorité est de commencer la RCP. Nous allons tout de même voir son utilisation. Il est important d’avoir en tête que si vous êtes deux, il faut commencer à réaliser le massage cardiaque le plus tôt possible, même si le défibrillateur n’est pas encore présent et le temps de l’installation. Une synchronisation sera nécessaire pour sa mise en place.

Les différentes étapes :

  • Dénuder la poitrine du patient, si besoin, utiliser la paire de ciseaux et le rasoir fournis dans la pochette du défibrillateur
  • Allumer ou ouvrez le défibrillateur selon qu’il soit semi-automatique ou automatique
  • Écouter les instructions et appliquez-les

Quelques points de vigilances à avoir :

  • Les défibrillateurs ne sont pas faits pour des zones dites ATEX (atmosphère explosive), il faudra donc soit rendre la zone plus ATEX, soit déplacer la victime dans une autre zone pour utiliser l’équipement
  • Si la victime est sur un sol mouillé ou sur une plaque d’acier, positionner un élément isolant entre le sol est la victime. Aucune inquiétude à avoir pour les secouristes, le choc électrique sera seulement dilué donc moins efficace
  • Si le défibrillateur ne cesse de vous demander de brancher les électrodes alors qu’elles sont correctement branchées, c’est sûrement un problème au niveau des électrodes. En prendre des nouvelles
  • Pour les enfants et nourrissons, il est possible que vous ayez des électrodes adaptées dans la pochette, si ce n’est pas le cas, vous pouvez utiliser des patchs adultes, en positionnant un sur le milieu du thorax et l’autre entre les deux omoplates. Le défibrillateur adapte la puissance des chocs en fonction de la morphologie de l’individu
  • Si la victime présente un stimulateur cardiaque, coller l’électrode à une paume de la main au-dessous de la bosse/cicatrice

Il est important de savoir que le défibrillateur ne choque pas à chaque fois, cela est normal. Il peut choquer lorsqu’il y a une activité irrégulière. 

Cela arrive lorsque l’appareil a une activité cardiaque désordonnée. Dans le cas contraire, il vous laissera continuer votre RCP. Néanmoins, après plusieurs analyses et aucun changement d’état de la victime, assurez-vous que personne ne touche le corps de la victime lors de l’analyse. Il est possible que le défibrillateur sente votre rythme cardiaque et se trompe dans la conclusion.

Les conseils des formateurs en secourisme

Afin de conclure cet article, voici quelques conseils de professionnels :

  • Ne pas retarder l’appel et l’intervention
  • Ne pas arrêter la RCP sans qu’un secouriste ne vous l’ait spécifié
  • Prendre quelques secondes avant la RCP pour bien s’installer (enlever les bijoux, etc…) car une fois commencé, cela peut durer
  • Si vous êtes 2 secouristes, alterner toutes les 2 minutes entre les insufflations et les compressions thoraciques
  • Ne pas avoir peur d’appuyer fort sur la poitrine lors des compressions thoraciques
  • Faire abstraction de l’environnement
  • Occuper les badauds en leur demandant d’aller accueillir les secours

Clélia GRANGE

Propuls'

Consultante et formatrice chevronnée en gestion des risques professionnels, Clélia est spécialisée dans le management des sujets Santé & Sécurité au Travail. Son expertise s’est construite au fil des années à travers un accompagnement de terrain, concret, centré sur les réalités des organisations et les besoins des acteurs opérationnels. La vision de Clélia : des repères clairs pour agir vite et efficacement, tout en insistant sur l’importance de la préparation, de la formation continue et des responsabilités partagées en matière de premiers secours en entreprise. Au sein du Cabinet Propuls’, Clélia intervient également en tant que référente Santé & Sécurité, épaulant les consultants dans le développement de solutions adaptées aux enjeux de chaque client.

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